L’Observatoire de la liberté religieuse en Afrique évoque un « génocide par attrition » au Nigeria

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« Les attaques pendant la saison agricole ont un plus grand impact sur la vie des victimes que les attaques à tout autre moment. Cette découverte renforce le soupçon que les assaillants visent à tuer ou à affamer leurs victimes, en particulier les chrétiens du nord du Nigeria. Certains appellent cela un ‘génocide par attrition’. »

L’Observatoire de la liberté religieuse en Afrique (ORFA), un programme de recherche, de formation et de plaidoyer, dont la mission est de promouvoir la liberté religieuse en Afrique, vient de publier un rapport sur les meurtres et enlèvements au Nigeria. Leurs données révèlent que le nombre de chrétiens tués était 9,6 fois plus élevé que le nombre de musulmans tués dans des violences liées au djihadisme par habitant entre octobre 2019 et septembre 2020.

Les experts à l’origine de ce rapport, qui analyse des données entre les mois d’octobre 2019 et septembre 2021, affirme que « les données sur les meurtres montrent qu’il y a des raisons de croire qu’au Nigeria (en particulier dans les États du nord), des acteurs liés au djihad ciblent les chrétiens » et qu’il existe des preuves du fait que « les forces de sécurité ont tendance à ne pas offrir de protection et parfois même à participer à la violence contre les chrétiens ».

Selon l’Observatoire de la liberté religieuse en Afrique, une « analyse plus approfondie montre qu’il y a une proportion significativement plus élevée de chrétiens enlevés que de musulmans ».

Leurs données révèlent également une temporalité des événements. Si les enlèvements ont lieu tout au long de l’année, le plus grand nombre de meurtres sont commis pendant « la saison agricole ». « Les attaques pendant la saison agricole ont un plus grand impact sur la vie des victimes que les attaques à tout autre moment », peut-on lire dans le rapport, « cette découverte renforce le soupçon que les assaillants visent à tuer ou à affamer leurs victimes, en particulier les chrétiens du nord du Nigeria. Certains appellent cela un ‘génocide par attrition’ ».

Interrogé par l’organisation Aide à l’Eglise en Détresse, l’évêque Oliver Dashe Doeme de Maiduguri, faisait lui aussi état de cette souffrance. « Nous n’avons jamais vécu ce que nous vivons actuellement, les gens souffrent, ont faim », avait-il alors affirmé.

Et selon l’ORFA, ces données ne représentent que la « partie émergée de l’iceberg ».

« Les chiffres fournis dans ce rapport ne sont en réalité que la ‘partie émergée de l’iceberg’. Les incidents impliquant des meurtres et des enlèvements représentent souvent toute une gamme de violences et de souffrances : les communautés sont perquisitionnées et/ou occupées en permanence, les femmes et les filles sont violées et/ou enlevées, les champs sont détruits et/ou occupés, les personnes sont dépouillées de leurs biens et de leurs moyens de subsistance, les lieux de culte sont abandonnés, fermés ou détruits, les personnes sont chassées de leur pays d’origine dans des situations désastreuses de déplacement interne. »

M.C.

Crédit image : Shutterstock.com / James Dalrymple

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